Corona, les manifestations, le changement climatique, les guerres, la terreur, les catastrophes… Toutes ces mauvaises nouvelles nous laissent avec le stress, la peur et le désespoir.

Il y a un dicton bien connu des journalistes :  „If it bleeds, it leads“, qui se traduit à peu près par  « Si ça saigne, ça se vend bien ». Il est tout simplement plus facile de capter l’attention du public avec des titres horribles qu’avec des nouvelles disant que les choses vont plutôt bien. Bien sûr, être journaliste consiste en partie à attirer l’attention sur des griefs plutôt que de déclarer que tout est brillant. Cependant, l’attention croissante portée à la négativité dans les médias a des conséquences de grande envergure.

Les mauvaises nouvelles et la consommation constante de médias soumettent notre cerveau à un stress permanent.

Lorsque nous lisons une mauvaise nouvelle, notre cerveau se met par réflexe dans un état de stress appelé mode « combat ou fuite ». L’adrénaline et le cortisol sont libérés, et nous sommes prêts à fuir le tigre à dents de sabre. Mais si nos ancêtres ont pu se détendre dès que le danger est passé, nous ne pouvons pas descendre car la chaîne des mauvaises nouvelles ne se brise jamais. Chaque jour, plusieurs fois par jour, et même en déplacement, de nombreuses personnes consomment désormais des informations sur leur smartphone. Il n’y a pas de phase de récupération, le cerveau est dans un état d’alerte constant.

Le stress chronique qui en résulte constitue un risque sérieux pour la santé. Non seulement notre équilibre hormonal est mis à mal, mais notre système immunitaire est également affaibli à long terme. Les conséquences possibles sont l’hypertension artérielle, l’accident vasculaire cérébral ou la crise cardiaque. Le barrage constant de mauvaises nouvelles a également un impact psychologique : une anxiété accrue peut facilement se transformer en un véritable trouble de l’anxiété.

Un autre facteur joue également un rôle ici : l’attention portée par les médias aux événements individuels négatifs modifie encore notre évaluation des risques, qui n’est de toute façon pas entièrement fiable. Par conséquent, nous voyons des dangers là où il n’y en a pas ou là où le risque est au moins très faible.

La peur de l’avion en est un bon exemple. Aujourd’hui, un atterrissage réussi – tant qu’il n’a pas lieu sur Mars – n’est plus d’actualité. C’est le cas de tous les accidents d’avion. Cela crée une distorsion fatale du risque réel, qui fait surtout une chose : elle nous fait peur.

Pour nous armer contre la surcharge d’informations, nous devons prendre conscience de nos préjugés cognitifs.

On l’a déjà suggéré : les effets malsains de la surcharge d’informations ne sont pas seulement la faute des médias qui se concentrent sur les titres négatifs. Notre propre cerveau nous donne aussi parfois un coup de pouce, car notre pensée est beaucoup moins rationnelle que nous le supposons. Cela conduit à des préjugés et à des distorsions cognitives, c’est-à-dire à des erreurs de réflexion et de mémorisation ou d’évaluation des informations.

L’exemple des Fakes-News Peut-être pensez-vous maintenant : Des Fake-News — Je ne me laisse certainement pas avoir par de telles fausses affirmations ! La vérité qui fait réfléchir est que personne n’est à l’abri, car nos cerveaux ne sont pas des machines à penser parfaites. Le vrai problème est que même si une nouvelle se révèle fausse par la suite, on s’en souvient toujours.

Mais nous rencontrons aussi des biais cognitifs sous d’autres formes. Ce qu’on appelle le biais de confirmation est un biais de confirmation cognitif que beaucoup d’entre nous rencontrent. En cela, nous avons un préjugé positif envers ce que nous pensons déjà de toute façon. En d’autres termes : Nous préférons lire les textes qui nous confirment dans notre avis précédent.

La solution : Nous avons besoin d’une meilleure hygiène de choix et de lecture des médias

Te brosses-tu les dents tous les matins et tous les soirs ? Probablement oui, nous sommes stricts en matière d’hygiène bucco-dentaire. Mais qu’en est-il de ton cerveau ? En ces temps de surcharge d’informations et de nouvelles, ne devrais-tu pas également veiller à une meilleure hygiène des médias ?

Comme pour les habitudes, notre cerveau qui pense en termes sociaux et économiques en est largement responsable. Après tout, il faut plus d’énergie pour traiter de nouvelles idées et de nouveaux points de vue, peut-être opposés, que pour les anciens points de vue familiers.

Pour éviter de tomber dans le piège des préjugés, nous devons d’abord nous en rendre compte. Ce n’est que lorsque nous nous rendons compte que nous préférons instinctivement rester dans notre propre bulle de pensée que nous pouvons consciemment la quitter. Par exemple, en lisant de temps en temps des articles qui représentent un point de vue différent du nôtre.

 Les recherches sur le cerveau menées ces dernières décennies nous ont montré à quel point les habitudes sont importantes pour notre vie. Jusqu’à 95 % de notre vie est constituée d’habitudes. Se brosser les dents, se doucher, s’habiller, faire du café : Nous ne faisons pas tout cela consciemment, mais automatiquement. Tout simplement parce que nous le faisons toujours de cette manière. Malheureusement, il en va de même pour notre consommation de nouvelles. Ici aussi, nous agissons par pure habitude. Les habitudes sont si puissantes parce que le cerveau aime conserver l’énergie. Une fois enracinés, ils sont donc également difficiles à éliminer. Il faudrait donc les changer consciemment.

La première étape consiste à identifier le stimulus qui déclenche l’action habituelle. Par exemple, nous aimons être attirés par les gros titres. Mais les stimuli peuvent aussi être de simples messages « push » qui s’affichent sur votre téléphone et vous incitent à agir : Visitez cette page ! Toutefois, une telle stimulation ne déclenche une routine que s’il y a une récompense à la fin. Dans ce cas, c’est la brève satisfaction d’être à nouveau à jour.

Ton objectif devrait être de rompre cette boucle de stimulation et de fausse récompense et de la remplacer par une nouvelle routine, plus saine. Lis plutôt des articles, des magazines  informatifs par rapport à tes hobbies, points d’intérêts, des sujets qui te passionnent – une action qui a une récompense à la fin. Dans ce cas, tu auras aussi la satisfaction d’être à nouveau à jour.

 

Source : Blinkist – Maren Urner, Neuroscientifique et psychologue des médias

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