La question qu’on se pose à chaque fois qu’on en mange.

Ce qui est sûr, c’est qu’il contient des substances actives sur le cerveau. Comme tout aliment gras et sucré, nous nous faisons plaisir en le mangeant. Alors pourquoi s’en priver ?

Sans trop renter dans les détails scientifiques, vous allez surtout comprendre pourquoi vous avez (peut-être aussi) des envies de chocolat.

Le chocolat est-il un aliment comme les autres ?

Non, c’est sans doute l’aliment préféré de bon nombre de personnes. C’est aussi celui auquel nous attribuons le plus de vertus, psychologiques, neurologiques et cardiovasculaires, malgré sa teneur énergétique hors norme (il est un des aliments les plus caloriques après les corps gras) ! Il est unanimement reconnu comme un stimulant, un réconfortant, et nous apprécions de le déguster. Le chocolat a donc tout pour plaire ! Mais a-t-il réellement des effets sur le moral ?

Voyons d’abord si le chocolat est un stimulant cérébral.

Ces deux dernières années, deux études ont testé pendant deux à trois mois l’impact sur les fonctions cognitives d’une boisson très riche en flavonols (900 à 990 milligrammes), un type de polyphénols du cacao (des molécules organiques d’origine végétale présentant plusieurs groupements chimiques nommés phénol). Elles ont révélé que les participants ayant bu chaque jour cette boisson chocolatée étaient plus performants à des tests de mémoire que ceux n’en ayant pas consommé. Mais en 2008, des travaux n’avaient montré aucun effet quand les sujets buvaient le même genre de boisson pendant six semaines. Dans ce cas toutefois, les teneurs en flavanols des chocolats étaient bien plus faibles.

En effet, on pense que les bienfaits du chocolat sur le plan cognitif reposent sur ses polyphénols, notamment les flavonols. Plusieurs études scientifiques ont montré que ces molécules améliorent la plasticité neuronale (l’apparition et la réorganisation des neurones), les fonctions neurovasculaires, et diminuent la neuroinflammation… rien que ça !

Qu’en est-il de ses bienfaits psychologiques ? Comment le chocolat nous réconforte-t-il ?

En 2007, à Sydney, Gordon Parker et Joanna Crawford ont interrogé sur Internet 2 692 Australiens se disant dépressifs (71 % de femmes) : la moitié des sujets avaient besoin de chocolat, qu’ils jugeaient nécessaire pour soigner leur symptôme dépressif, leur anxiété ou leur irritabilité.

D’autres études ont confirmé que nous mangerions du chocolat pour supporter des émotions trop intenses, voire pour « traiter » un état dépressif.

En 2008, en Finlande, Timo Strandberg et ses collègues ont étudié plusieurs années le bien-être psychologique de 1 374 Finlandais âgés de plus de 60 ans. Ils ont montré que ceux mangeant du chocolat allaient beaucoup mieux que les autres ! Ils se sentaient en général moins seuls, plus heureux, avaient plus de projets. Bref : ils étaient plus optimistes. Mais ce type d’étude ne prouve pas que le chocolat rend plus heureux : les individus se sentant mieux étaient probablement différents des autres à bien des égards (vie familiale et professionnelle, milieu socio-économique…).

Des composés vraiment actifs ?

Quelle est donc la substance « bonne » pour le moral du chocolat ?

Il s’agit peut-être du magnésium, très concentré dans le chocolat (un milligramme par gramme) et dont les effets relaxants sont connus. Un déficit en magnésium provoque une diminution de la dopamine cérébrale, un neurotransmetteur impliqué dans la motivation et le circuit de la récompense.

Ou bien les méthylxanthines, telle la caféine, des amines biogènes (telle la phényléthylamine), des substances proches de l’amphétamine qui stimuleraient les connexions entre neurones, ou les anandamides qui se lient aux récepteurs cannabinoïdes cérébraux et provoquent de l’euphorie.

Se faire plaisir

Ce serait l’association de son bon goût et de sa teneur élevée en glucides et lipides qui rendrait le chocolat bon pour le moral.

Récemment, Traci Mann, de l’université du Minnesota, et ses collègues ont montré que le chocolat a les mêmes conséquences sur le bien-être que des glaces ou des cookies. Les participants avaient vu des films effrayants, tristes ou anxiogènes et se sentaient tous beaucoup mieux après avoir mangé l’un de ces aliments.

On sait depuis longtemps que le « gras sucré » exerce un effet antistress : la consommation de ce genre d’aliments stimule le système cérébral des « opioïdes » (les analogues naturels de la morphine), ce qui favorise la sécrétion d’endorphines, responsables du plaisir. Mann suggère d’ailleurs que c’est pour justifier leur envie de manger un aliment très (trop ?) calorique que les gens disent l’aimer, tentant ainsi d’éteindre leur culpabilité…

Je n’irai pas si loin, car je crois que le chocolat est vraiment bon et que nous pouvons l’apprécier.

D’ailleurs, n’existe-t-il pas des personnes « addicts » au chocolat ? Qui ne peuvent pas s’empêcher d’en manger et qui se sentent soulagées après l’avoir consommé ?

Le chocolat n’est pas une « drogue », mais certaines personnes utilisent l’alimentation à des fins anxiolytiques. Or cet aliment, parce qu’il est bon et riche en glucides et en lipides, provoque un véritable plaisir alimentaire. Les « pulsions » pour le chocolat ne refléteraient que le désir de manger un aliment agréable, quoi de plus naturel ! Donc le chocolat est nourrissant, bon et fait du bien au moral.

À consommer toutefois avec modération.

A bientôt

Steve

Source: Cerveau&Psyco|JEAN-MICHEL LECERF

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